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6                           LE  TRAYAS              (VAR)

               Alpes  calcaires  de  Provence,                      les  ardents  porphyres
               de  l'Esterel,  la  plus  belle roche peut-être  qu'ait colo-
               rée  la  nature.

                   Leur  épanchement  dans  la  mer  les  a  hérissés  de
               ces  épines  aiguës  que  les  tempêtes  ne  parviennent
               pas  à  émousser,  mais  il  ne les  a point  habillés du  gris
               cendreux  habituel  aux  brasiers  morts;  les  roches  de
               l'Esterel ont  conservé  cet  éclat  rouge  violacé                          que  les
               Romains  prisaient  assez  pour  y  venir  tailler  des

               colonnes  de  palais  :  de  leurs  carrières  antiques  on
               a  récemment  repris  l'exploitation  à  Boulouris,  près
                d'Agay.  Et  cette  intensité  de  nuance  ne  se  borne
                point  aux  menues  dentelures  du  rivage  :  entre  les
                deux  stations  d'Agay  et  du  Trayas,  depuis                         le  viaduc
                d'Antéore  jusqu'au  remblai  d'Aurelle,                           sur  4  kilo-
                mètres  d'étendue,              elle  se  retrouve  du  haut  en  bas
               d'une  colossale  pyramide,                      superposition           de  blocs

                énormes,  dykes  de  porphyre                        demeurés  en  saillie
               parmi  les ruines de  ceux  qui  ont  croulé                      autour  d'eux;
               ainsi  s'étagent  l'un  au-dessus                    de  l'autre  le  rocher
               Saint-Barthélémy,  percé  d'une  petite  caverne  où  g i -
               taient jadis  les  contrebandiers;                   la  Dent  du  cap  Roux,
               le  Saint-Pilon  (440  m.),  enfin  le  sommet du  mont  Roux
               lui-même,  dépassant  de  453  mètres  le  niveau  de  la

               Méditerranée.
                   L'arête  orientale  de  la  montagne  s'abaisse,                               sur
               1,500  mètres  d'étendue,  par                   une  succession  de  cré-
               neaux  naturels;  elle  projette  dans la  mer un véritable

               éventail  de  pointes  :  celles  de                l'Observatoire,  du  cap
               Roux,  du  Maubois,  etc.  Au  bout  de  la  plus  longue,
               le  cap  Roux  proprement                  dit,  une  étroite  fissure  du
               porphyre  a  permis  aux  vagues  de  sectionner  un  îlot
               tout  tailladé  de  fines  calanques  et  presque  toujours
               couvert d'écume.  Les roches suprêmes du  mont Roux,
               aux  silhouettes toutes  dolomitiques,  figureraient  avec

               honneur  à  côté  du  Popéna  et  du  Cristallo  tyroliens,
               certes  moins  empourprés;                      ses  immenses  clapiers,
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